Intervention de Philippe Chavaroche selon nos notes

Publié le par riposte2010

 

Intervention de Philippe Chavaroche,

 

Directeur du centre de formation au travail sanitaire et social de Bergerac.

 

Les conditions de formation :

! Que nous dit la formation en travail social sur l'usager ?

Que c'est une personne « hors norme » qu'il va falloir ré insérer socialement.

Que c’est une personne qui a des obstacles à l'insertion sociale : il va falloir lever ces obstacles pour qu'elle rentre dans des normes.

Philippe Gabaille (fondation John Bost).

! Il y a une explosion des outils évaluatifs : la personne dépendante doit s'autonomiser, il faut rendre normal l’anormal.

! La formation en travail social prétend que l'individu a une structure psychologique. Or aujourd’hui on va vers une évolution où l’on considère que l’individu a une psychologie sans pathos donc cela permet une réduction des coûts car il n’y a plus besoin de psychiatres.

 

La logique de méthodologie de projets vient combler les manques mais la formation continue à avoir des manques, des absences :

 

  • elle ne traite pas de la psychopathologie : comment fonctionne un peu l'autre.

  • elle ne traite de référence de références théoriques, en lien avec la disparition des approches psychanalytiques qui sont attaquées systématiquement.

  • la clinique : l’observation clinique ou la capacité à entrer dans ce processus d'observation : comment une personne aménage son rapport à elle-même, à la société. Comment on travaille sa propre considération : elle fait référence au transfert et contre-transfert.

  • le recueil de données qui est censé donner un diagnostic : actuellement on recueille des manques.

  •  

La question du faire et du penser

 

Actuellement, c'est une approche qui privilégie le faire au détriment de la pensée qui, elle-même est une organisation complexe : c’est toute le difficulté d’arriver, comme aujourd’hui, à une pensée collectivement élaborée.

Privilégier, à l’inverse la pensée, est considéré comme un travail de bricolage qui a une connotation négative car nous sommes dans une organisation de rationalisation de type industriel.

La pensée est-elle valorisée de nos jours ? On n'en revient à la difficulté à élaborer la complexité cognitive. Il y a une peur dans nos sociétés de la pensée car elle peut être incertaine, peu compréhensible.

L'expression des doutes, des manques, des rejets avec les usagers cela devient très difficile.

Nos métiers procèdent avant tout d'un « non savoir » sur l'autre mais paradoxalement, il y a injonction de « savoir » : l'usager doit savoir son projet.

La relation comme processus complexe et, parfois fois l'usager est en relation avec l'image qu'il a du travailleur social.

Cela ressemble à une « capture » des référentiels de connaissances à maîtriser : cela fait penser à  «  la découpe de la réalité en petits morceaux par certains autistes pour ne pas avoir à affronter la réalité tout entière ».

 

Dans nos métiers, on observe un changement de paradigme : passage de la relation au dispositif.

 

Qu'est-ce qu'un dispositif ?

C'est gérer, gouverner, contrôler les gestes, la pensée des autres : c'est la séparation entre l'homme et les dispositifs qu’il met en place.

Voir HOURY : organiser la possibilité de la rencontre. Cette articulation est en train de se séparer :

Ontologie de l'homme (Heidegger, qui relève de l’être) qui vient en opposition à l'économie des dispositifs qui n'ont plus le fondement dans l’être.

Aujourd’hui, nous sommes réduits à faire fonctionner des dispositifs alors qu'ils ne soutiennent plus la relation.

 

Clivage entre mission et clinique

 

Beaucoup dans le social travaille à partir du mandat mais aujourd'hui c'est la mission qui prend le pas avec les lois de 2002, 2005 ; la mission part d'une image virtuelle de l'usager aux capacités établies.

 

Voir la revue Vie Sociale : quand le projet fait fuir le sujet

Les « incasables » : absence à l'histoire de la personne, des phénomènes de brisure, de psychopathie qui nécessitent une approche fine et adaptée.

Par contre, nous avons des projets vitrines conforment à la mission mais qui renvoient des pulsions d'agressivité par rapport aux usagers (qui sont alors considérés comme mettant en échec le projet) ; cela n’est plus travaillé.

Lire aussi : Olivier Abel, Paul Ricœur.

On est toujours dans l'expansion, il faut aujourd'hui plus comme dans la logique néolibérale. En opposition, c'est le droit au rétrécissement comme la maladie, le handicape… qui est interrogé.

 

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